L’année 2017 a vu naître de nombreuses spécialités. La médecine légale, l’allergologie ou encore la gériatrie ont ainsi obtenu leur DES dans une sorte de consensus interspécialité. La spécialité Médecine Intensive et Réanimation est née dans la douleur, les anesthésistes-réanimateurs ont ainsi eu peur de la concurrence dans un domaine qui est le leur : la réanimation. Où en sommes-nous des promesses faites aux MIR ?
Quelle formation ?
Le DESARMIR est d’une durée de cinq ans et comporte, au décours d’une phase socle commune avec les anesthésistes-réanimateurs, quatre années indépendantes pour chacune des filières réparties en une phase d’approfondissement (trois ans) et une phase de consolidation (un an) destinée à la préparation à l’exercice professionnel. Au terme de ces cinq années l’interne sera qualifié pour exercer le métier de médecin intensiviste- réanimateur sans nécessité, pour obtenir son diplôme, de formation complémentaire au terme du DES.
Une spécificité française ?
Oui ! La France est l’un des rares pays à faire le choix d’une spécialité à part entière. Les États-Unis, la référence quand il s’agit de réanimation et de médecine intensive ont fait le choix de la pluridisciplinarité. Ainsi, il faut d’abord avoir fait un internat en anesthésie, médecine interne, pneumologie ou encore en pédiatrie pour avoir accès à la spécialité. Même chose en Grande-Bretagne… Ces pays mettent en avant les multiples compétences apportées par les spécialistes dans ces services. L’intérêt d’avoir un pneumologue, un cardiologue, un interniste et un anesthésiste au sein d’un département est un atout qui est indiscutable dans ce service de dernier recours qu’est la réanimation.
Pourquoi une nouvelle spécialité ?
Devant un système reconnu à travers le monde et le bienfondé de la pluridisciplinarité de la spécialité, nous sommes en droit de nous demander l’intérêt d’une telle spécialité. Les réanimateurs de « province » n’étaient pas forcément pour cette réforme, et le passage en force ne peut que nourrir les suspicions d’une telle décision. Il semblerait que cette spécialité ait aussi bénéficié d’appui en la personne du Pr Benoît Schlemmer (réanimateur médical) en charge de cette réforme. La présence du Pr Djillali Annane (réanimateur médical) conseiller pour l’enseignement médical au ministère de la Santé, dont Marisol Touraine était la ministre, pourrait aussi avoir influencé la décision de création du DES. Une décision plus politique que pédagogique, qui pourrait avoir bien desservi les étudiants qui se sont d’ores et déjà orientés vers le DESMIR.
Que vont devenir les MIR ?
Dans les 10 prochaines années, les premiers réanimateurs vont arriver sur le marché. Un marché, bien logiquement saturé par les anesthésistes-réanimateurs, les pneumologues, cardiologues et autres spécialistes titulaires du DESC de réanimation. Les réanimations chirurgicales continueront de fonctionner avec des anesthésistes-réanimateurs, la double compétence étant essentielle, même schéma dans les soins intensifs de pneumologie ou de cardiologie (USIC) qui ne prendront que les spécialistes issues de leurs maquettes. Les postes en réanimations médicales des grands CHU seront probablement déjà attribués aux spécialistes titulaires du DESC.
Les DESMIR sont-ils pour autant promis au chômage. Peut-être pas, mais ils auront sans doute un choix d’exercice particulièrement limité, comme en périphérie et autres soins continus. Ils ne sont pas spécialistes d’organe, mais d’une discipline déjà accessible à de nombreuses spécialités. Il faudra donc probablement attendre le renouvellement des générations pour que cette réforme ait peut-être un sens.
A lire : La fin de l’âge d’or des radiologues